Quand on veut apprendre, on recherche des sources pour apprendre, c’est logique et légitime. Mais il existe des centaines de contenus.
Conséquence : on est vite noyé dans un océan de théories.
Pourtant au départ, ce n’étaient pas les bouquins qui nous séduisaient, mais bel et bien les cartes. Alors à quel moment intervient la dérive ? Finalement on ne sait pas trop. On commence avec les cartes, première étape, acheter le jeu, ce qui n’est déjà pas une étape facile, et après… ?
Et puis, on fait un tirage tant bien que mal mais les cartes restent mystérieuses. Quelle est leur signification ? On a 78 cartes entre les mains… Comment peut-on tirer les cartes si on ne connaît pas les significations des 78 ? On a envie de tout savoir d’un coup, ce qui est là aussi bien légitime.
C’est tout simplement impossible de tout savoir d’un coup, et on l’oublie. C’est comme si vous vouliez faire un tableau de maître en ayant jamais dessiné de votre vie. Ou comme si vous vouliez composer une symphonie sans avoir manipuler un instrument de musique. On ne peut pas tout savoir tout de suite.
Pour apprendre à faire un tableau de maître, on commence par dessiner des brouillons, on gribouille, on essaie. On commence par apprendre des motifs très simples. Sur ces motifs il faut apprendre à intégrer des ombres, du relief, de la perspective… Et lorsque l’on sait faire on recommence avec des motifs plus compliqués et ainsi de suite. Un jour on sait dessiner et on peut assembler plusieurs d’éléments pour faire un tableau. Mais là encore, c’est imparfait. Reste encore à apprivoiser la peinture, la texture de la peinture, de la toile, les tailles de pinceau, la quantité d’eau, etc. Il faut du temps et passer par des étapes. On ne peut pas tout savoir tout de suite.
Avec les cartes, même topo. Les cartes s’apprivoisent étape par étape. Mais comment est-ce possible de commencer par apprendre uniquement 3 cartes puisqu’il y en a 78 ! Il faut connaître les 78 pour interpréter un tirage ! Non ?
Non.
Car lorsque vous faites un tirage, vous n’utilisez pas les 78 cartes. D’ailleurs plus vous êtes expérimenté, plus vous vous rendez compte que le mieux est de limiter le nombre de cartes pour un tirage.
On ne peut pas tout savoir tout de suite.
Oui mais alors, comment on fait ?
Quand vous apprenez à peindre ou à jouer de la musique, vous ne prenez pas 10 cours avec 10 profs différents en même temps… Ou alors si vous le faites, vous serez autant perdu(e) que lorsque vous essayez d’avaler 10 livres en même temps pour apprendre les 78 cartes de tarot en même temps.
Pour commencer, vous prenez un cours avec un professeur. Et puis un jour, peut-être vous dites- vous que vous allez changer de professeur parce que vous voulez évoluer, ou alors la méthode qu’il utilise ne vous correspond pas vraiment. Mais pour le savoir, il faut déjà avoir pris un certain nombre de cours avec ce professeur-là.
Encore une fois, avec le tarot, même topo.
Si vous faites une formation en présentiel ou en vidéo, vous avez un professeur, tout va bien. Mais si vous apprenez de manière autodidacte, c’est difficile de se dire qu’on va se cantonner à une source de savoir : un livre, un support audio, un support vidéo, un site internet… Faut-il n’en choisir qu’une ? Oui.
Le livre, ou autre, c’est votre prof. Et pour vous y retrouver, vous ne pouvez avoir qu’un prof. Ce n’est pas facile de suivre cette consigne mais à partir du moment où ceci est intégré, le premier pas est franchi. Mais alors, quel livre choisir ? Quel prof ? Rassurez-vous, la technique pour faire son choix est toute bête…
Comme pour des cours de musique ou de dessin, soit on choisit au feeling, soit on se fait conseiller un bon prof. Et même si on a peur de ne pas tomber sur le bon, dites-vous bien qu’à un moment donné, il va bien falloir choisir. Rappelez-vous, vous ne pouvez pas assister à 10 cours de 10 profs différents en même temps. Si vous ne tomber pas sur le « bon » prof, et bien c’est normal ! Vous allez vous en rendre compte, et cela constituera un premier bagage d’expérience. Ces expériences constructives sont indispensables. Ne dit-on pas « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ? ». Rien n’est plus vrai.
Il s’agit donc de choisir votre livre, votre support. Et pour cela, il vous faut définir VOS critères d’apprentissage, car il existe autant de méthodes que de professeurs. En effet, si vous voulez apprendre le dessin, vous allez vous demander dans un premier temps ce que vous voulez apprendre à dessiner. Voulez-vous apprendre à dessiner des portraits ? Des paysages ? dans un style réaliste ? fantastique ? Façon dessin animé ? manga ?… Il y a là aussi plein de possibilités.
Avec le tarot, même topo.
Que voulez-vous faire ? Voulez-vous apprendre le tarot de Marseille ou le Rider-Waite ? Souhaitez-vous des mots clés ou des descriptions complètes de cartes ? Préférez-vous des explications historiques ? Symboliques ? Faire des exercices ? Bénéficier d’astuces ?… Quelle est votre sensibilité ? Des explications exhaustives correspondent-elles plus à vos besoins ou y arrivez-vous mieux avec des explications courtes et concises ? Préférez-vous un ton plutôt professoral ou un ton plus léger ? Vous voulez du ludique ? Tout cela, personne ne peut le définir pour vous. Et une fois que vous avez définit vos attentes, c’est un deuxième pas de franchi. Ne vous reste plus qu’à élire LE professeur qui sera le vôtre pour ce début d’aventure.
Pour cela, c’est aussi simple que de choisir le prochain roman que vous allez lire, ou le prochain film que vous allez voir. Vous pouvez demander conseil à un vendeur en magasin, ou regarder les avis sur internet. Les forums, les groupes facebook, les plateformes de vidéo pour visionner des reviews qui vous montreront la contenance du livre peuvent vous aider. Vous lisez le 4e de couverture ou le résumé de l’histoire.
Et puis à un moment, malgré l’hésitation, vous allez vous décider. Un livre, ou une source, va vous inspirer plus qu’un autre et ce sera votre gagnant. Alors peut-être qu’une fois lu, vous trouverez ce roman nul, ou peut-être le trouverez-vous génial. Mais ce n’est qu’en le lisant que vous le saurez. Il n’y a pas de solution miracle : il faut tester, il faut goûter comme on goûte de la nourriture pour trouver celle qui ravira nos papilles.
En matière de tarot, rassurez-vous, tous les supports disent à peu près la même chose. Il y a des visions, des réflexions et des approches différentes, des propos plus ou moins étayés, mais c’est globalement la même chose.
Vous avez choisi votre livre ? Votre premier professeur ? Bravo ! Le plus dur est passé…
Voilà, vous avez élu votre professeur et réussi à vous dire qu’il vous suffira pour commencer. Parfait ! Sauf que… Vous lisez le livre et vous n’avez pas tout intégré. Pire, vous êtes encore plus perdu(e) qu’avant de l’avoir lu. Pourquoi ? Avez-vous lu tout le livre d’un coup et dans l’ordre ? Alors rassurez-vous, c’est normal. Quand on fait une lecture, selon les études à ce sujet, on ne retient que 10% de ce qu’on a lu.
Ici, c’est comme si vous vouliez apprendre tout le programme d’une année de cours de philo en une fois, c’est impossible. Vous allez assister à plusieurs cours, avec une certaine régularité. C’est en assimilant un premier cours que vous allez pouvoir appréhender le suivant, et ainsi de suite pour apprendre la totalité afin de réussir votre examen final. On le constate, les nonchalants qui pensent tout apprendre une semaine avant la date de l’examen, échouent bien souvent.
Donc tâchez de ne pas le lire en entier tout de suite, et surtout pas dans l’ordre. Commencez par apprendre une carte ou deux, trois maximum. Juste ce qui concerne ces deux ou trois cartes. Etape par étape. Et croyez-moi, c’est de loin la meilleure manière d’apprendre.
Et comment choisir deux ou trois cartes sur les 78 ? Pourquoi ces deux-là plutôt que deux autres ? Eh bien c’est le moment de passer à votre premier tirage. Et c’est le tirage que vous allez faire qui déterminera pour vous ces deux ou trois cartes. Vous savez qu’il n’y a pas de hasard, n’est-ce pas ?
En restant fidèle à votre support, vous intégrerez une carte, puis une autre, et ainsi de suite. Ne soyez pas trop gourmand ! Rappelez-vous, deux ou trois cartes à la fois ! Sinon vous serez comme dans un buffet à volonté : dépassé bien avant d’avoir tout mangé. Ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé .
C’est alors que si vous sentez qu’il y a des choses qui vous échappent quant à la carte que vous êtes en train d’apprendre, ou que vous avez envie d’en savoir plus sur ladite carte, vous pouvez aller voir dans d’autres supports. Ou même faire des recherches sur une carte. UNE carte à la fois !
Vous voici à l’étape du tirage. Si vous suivez les trois autres étapes dans l’ordre, à ce stade vous devriez être plus serein(e) face à ce tirage.
Il s’agit donc de tirer deux ou trois cartes, voire une seule. En effet, une seule carte peut faire le job et répondre à votre question. Pour répondre à des questions du type : quelle carte représente X ? ou comment va évoluer la situation ? Une seule carte suffit.
Alors pour faire un tirage, il faut déjà déterminer votre question. Ce n’est pas le sujet de cet article, mais je vous propose toutefois pour vous aider, des idées de tirage à deux et trois cartes. Vous trouverez deux fichiers à télécharger, au format PDF en bas de page. Attention, ce sont les modèles auxquels j’ai pensé, mais la liste est bien évidemment non exhaustive ! Tout ce à quoi vous pouvez penser est valable. Là encore, c’est en testant que vous saurez si votre question est pertinente ou non.
Ensuite, voici les deux méthodes que je vous propose pour vous aider à vous y retrouver dans votre apprentissage.
Pour chaque carte, observez les détails. Vous pouvez déterminer l’impression que chaque carte vous donne. Vous pouvez noter ce qui vous interpelle : des couleurs, une ambiance dominante, l’air triste d’un personnage, son air joyeux, le beau temps, la direction dans laquelle se dirigent les personnages, les jeux de regard, etc.
Prenez le temps surtout. Si rien ne vient, prenez encore plus de temps. Et si rien ne vient encore, peu importe. Le tout est de bien observer, d’observer tranquillement pour s’imprégner de la carte.
Ensuite, prenez votre support pour recevoir l’enseignement de votre professeur. Votre professeur confirmera certaines de vos observations et en infirmera d’autres. Mais dans tous les cas, vous trouverez les explications dont vous avez besoin. Votre professeur fera aussi des observations que vous n’avez pas faites, et va étayer son propos. Certaines choses feront sens pour vous, et d’autres pas. C’est tout à fait normal. Ne forcez pas, sinon vous n’intégrerez rien. Intégrer ce qui fait sens pour vous est déjà une première étape. Vous aurez bien le temps de vous pencher sur le reste plus tard. Une leçon à la fois.
A ce moment-là, mais pas avant, vous pouvez compléter consulter l’assistant de votre professeur. C’est l’intervenant qui est spécialiste du sujet que le professeur évoque lors de son cours. L’intervenant, c’est le livret du jeu. Dans un premier temps, évitez de vous en servir. En effet, les livrets sont bien spécifiques à un jeu. Or votre objectif est de savoir lire une carte, quel que soit le jeu dans lequel elle apparaît. Sinon vous êtes à nouveau dans la multiplication des sources et c’est reparti pour la noyade.
Donc le livret, c’est l’assistant du prof. C’est lui qui va apporter des précisions sur certains points particuliers, sur certains jeux particuliers donc. Vous êtes en train d’interpréter votre carte avec l’aide de votre support. A ce moment-là, quelque chose vous échappe, vous ne retrouvez pas l’interprétation de la carte dans cette carte spécifiquement. C’est normal, car il existe des milliers de jeux.
Pourquoi ? Parce que chaque auteur illustre la carte de SON point de vue, avec sa propre sensibilité. C’est donc à ce moment-là qu’il est pertinent de consulter le livret. Ceci dit la vision de l’auteur peut être vraiment particulière. Il existe aussi bon nombre de jeux sans livrets, sans explications. On a donc pas toujours la notice, soit on fait sans, soit on ne fait tout simplement pas. Si cela vous convient, c’est bien. Sinon, il y a assez de variété de jeux pour vous pencher sur celui qui vous permettra d’avoir vos repères.
La seconde méthode consiste en l’inverse de celle dont je viens de vous parler. Elle est à mon avis est tout autant efficace. Choisir l’une ou l’autre des deux méthodes dépend tout simplement de votre besoin.
La première méthode consistait à observer la carte puis la comprendre avec la théorie. Et bien celle-ci consiste à prendre d’abord la théorie pour l’injecter ensuite dans la carte. Je m’explique. Vous prenez votre livre. Et avec cette méthode, c’est encore plus important de n’en prendre qu’un seul. Vous allez comprendre tout de suite pourquoi. Imprégnez-vous de la théorie point par point. Au fur et à mesure, à chaque point abordé, relevez le nez de votre livre pour regarder la carte et repérer ce qui, dans la carte, vous renvoie visuellement à la théorie. Si vous utilisez plusieurs livres, vous vous noierez très vite.
Par exemple, un des mots clés de la Papesse est l’intuition. Repérez alors dans la carte de la Papesse ce qui vous renvoie à l’intuition. Dans le rider-waite, la carte représente un croissant de lune aux pieds de la Papesse. Et peut-être que la lune représente pour vous l’intuition. Peut-être que ce sera un autre élément de la carte qui représente pour vous l’intuition. Dans tous les cas, c’est en repérant un élément visuel qui vous renvoie au point abordé par la théorie, que vous assimilerez ce point. Ensuite, passez au point suivant. Certains ouvrages vous donnent les repères visuels qui justifient les définitions données. Ces ouvrages vous conviendront d’ailleurs peut-être le mieux. C’est la cas par exemple avec le livre Lire le tarot avec le Rider-Waite d’Emmanuelle Iger pour le Rider-Waite, ou la Voie du tarot d’Alejandro Jodorowsky pour le Tarot de Marseille.
Vous pouvez également mixer les deux méthodes.
Exemple : votre source vous dit que la papesse a pour mot clé la connaissance. Vous remarquez alors que sur la carte, la Papesse tient un livre entre ses mains pour le Tarot de Marseille, un parchemin pour le Rider-Waite. Pour vous le livre représente la connaissance et voilà un moyen pour retenir ce mot clé. Puis, vous remarquez qu’elle ne regarde pas le livre. Cette observation vous interpelle. Vous pouvez alors chercher ce que cela peut signifier. Et si votre support ne vous le dit pas, alors vous pourrez chercher la réponse dans d’autres supports. Mais seulement à ce moment-là.
Ou alors c’est votre support qui va souligner que la Papesse ne regarde pas le livre. Et la théorie vous apportera les explications qui feront sens pour vous. Et vous voilà avec une deuxième point d’intégré. De cette manière, vous apprendrez le tarot au fur et à mesure, de manière beaucoup plus efficace que si vous aviez ingéré plusieurs livres, articles de sites internet ou vidéos sur les plateformes dédiées.
Vous en êtes donc à l’étude de deux ou trois cartes, en suivant les étapes énumérées. Puis, entre ce tirage et le suivant, vous aurez le temps d’assimiler ces deux ou trois cartes. Vous pourrez aussi « réviser » votre carte lorsque vous en ressentez le besoin.
Par la suite, vous apprendrez d’autres cartes au gré d’autres tirages. Lorsque des cartes que vous aurez déjà vues réapparaîtront, vous aurez une autre occasion de réviser cette. A cette occasion, vous allez remarquer peut-être quelque chose que vous n’aviez pas vu la première fois, ni la deuxième fois, ni la troisième. Vous verrez que même lorsqu’on a vu vingt fois une carte, on trouve encore des éléments nouveaux. C’est ce qui est passionnant d’ailleurs avec le tarot.
Et puis il y aura des cartes que vous intégrerez très facilement, et beaucoup moins pour d’autres. Vous aurez beau voir et revoir ces cartes-là, vous aurez du mal avec certaines. Et c’est normal ! Vous constaterez également que certaines cartes reviennent plus souvent que d’autres au fur et à mesure de vos tirages. D’autres se feront plus rares. Ce peut être intriguant mais c’est le cas pour tous les tarologues.
Sachez en tous cas que dans un apprentissage, quel que soit le domaine, nous rencontrons des difficultés sur certains points, et nous avons des facilités sur d’autres. Et c’est très heureux car dans un apprentissage totalement linéaire, on s’embêterait quelque peu !
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